Le bilan après 7 années de vie au Brésil

Fin mars 2017, j'embarquais à l'aéroport de Bruxelles pour Goiânia au Brésil. Je vous rends compte de mon expérience de 7 années passées au Brésil.
En route vers les dunes de Genipabu, au nord de Natal (Rio Grande do Norte)

 Le bilan après 7 années de vie au Brésil

Le 31 mars 2017, j'embarquais à l'aéroport de Bruxelles, mon visa de résident permanent en poche, pour Goiânia au Brésil. Un aller simple via Frankfort et São Paulo. Depuis je n'ai pas quitté le Brésil, à part une incursion en Argentine et au Paraguay lors d'un voyage aux Chutes d'Iguaçu. En ce mois d'avril 2024, sept années déjà ont passé et je vais tenter de faire le point, tenter d'analyser ce qu'il y a de bien et de moins bien. 
Retraité de nationalité belge, je vis à Goiânia, la capitale de l'Etat de Goiás dans la région Centre-Ouest. Pourquoi cette ville? L'explication est assez simple, mon épouse rencontrée à Bruxelles, vivait à Goiânia. Dès lors, le point de chute était tout désigné pour m'établir au Brésil.

"Je n'ai jamais regretté de m'être expatrié au Brésil"

Le regard que j'avais porté un an après mon installation au Brésil a certes évolué mais n'a pas fondamentalement changé. Je ne regrette nullement la décision de m'être expatrié au Brésil et je suis heureux de vivre dans ce pays parmi les brésiliens.
Pour rendre compte de mon expérience de ces sept années passées au Brésil, je commencerai par vous parler des brésiliens puisque vivre au Brésil c'est vivre en leur compagnie. Ensuite j'aborderai le problème crucial du coût de la vie: les soins de santé, le logement, les transports... 
En guise de conclusion, je répondrai à la question: "Et si je déménageais, où est-ce que j'irais vivre au Brésil?" 
Pour tout ce qui concerne les problèmes de criminalité, je vous invite à prendre connaissance de ma chronique de mars 2024 "Vols et agressions; les endroits les plus dangereux du Brésil", vous y trouverez les liens vers d'autres articles consacrés à cet aspect de la vie au Brésil.

Les brésiliens

Comme je l'ai expliqué à plusieurs reprises, très peu d'étrangers vivent au Brésil et le pays est une très petite destination touristique internationale. Vivre au Brésil, c’est avant tout vivre avec les brésiliens, vivre parmi des gens chaleureux, généreux, plein d'allégresse et de bonne humeur. Les brésiliens prennent la vie du bon côté et la solidarité et l’altruisme constituent des valeurs bien réelles, malgré les faibles revenus de la plupart et les problèmes de sécurité. Ils aiment faire la fête avec la famille et les amis et tout est prétexte à organiser de grandes réunions festives.
Au Brésil, il est impensable qu’une personne se fasse agresser dans l’indifférence générale de la foule qui l’entoure comme c’est le cas à Bruxelles par exemple. Ici, les gens vont tous se porter au secours de la victime et poursuivre l’assaillant.

"Les brésiliens sont épris de liberté et attachés aux valeurs de la civilisation occidentale"

Par les temps qui courent en Europe, il est devenu de bon ton de dénoncer la civilisation occidentale, ses valeurs, sa culture, ses traditions, son histoire et ses racines chrétiennes. Et tout est le bienvenu pour traquer, accuser, condamner, s'indigner ou hurler à l'injustice et à la discrimination. Ces vents mauvais qui soufflent de toutes parts, poussés par des minorités toujours plus revendicatrices, sont soutenus avec le plus grand zèle par nos bien-pensants, avides d'une société plus égalitaire et plus juste selon leurs dires. 
Par bonheur au Brésil, l'heure n'est pas encore à l'inquisition, au flicage des idées et à la purge morale. La langue portugaise ni aucune langue indigène, n'ont encore été déclarées sexistes comme c'est le cas pour la.e français, le mâle blanc hétérosexuel grisonnant (oups!) n'a pas encore été désigné responsable de tous les maux de l'humanité et il n'est pas encore question de supprimer les symboles et les signes chrétiens de l'espace public. 
Ni honte ni rancœur, les brésiliens sont fiers de leur pays, de son histoire, de sa culture et de ses traditions. Par leur force de travail, leur capacité à exploiter les richesses naturelles, à industrialiser et à moderniser, les brésiliens ont fait du Brésil une grande puissance développée sur base de l'économie de marché. Et même si le régime actuel s'affiche ouvertement aux côtés de la Chine, de la Russie, de l'Iran et d'autres dictatures aux goûts fort modérés pour l'Occident et la démocratie, la grande majorité des brésiliens est attachée aux valeurs de la civilisation occidentale et à son mode de vie. Les brésiliens sont épris de liberté d'expression, de pensée et de religion, de liberté d'entreprendre et de comportement.
Les brésiliens aiment faire la fête, adorent montrer et entretenir leurs corps d'athlètes ou de pin-up. Etudier et vivre aux Etats-Unis est le rêve de la plupart des brésiliens et la Floride est la destination de vacances préférée.
La religion fait partie de leur vie au quotidien, les brésiliens sont profondément croyants et très pratiquants, catholiques ou évangélistes. Face à la défaillance du secteur public en matière de soins de santé ou d’éducation, face aux problèmes d’insécurité ou de chômage, les brésiliens restent optimistes, gardent le sourire et prennent la vie du bon côté car ils ont "confiance en Dieu”. Il s’agit d’une réelle ferveur, d’un sentiment très puissant qui anime la plupart des brésiliens dans leur vie de tous les jours.

Le coût de la vie

Un mot tout d'abord au sujet du taux d'inflation. En 2023, il s'est élevé à 4,6% (4,9% en France) soit un taux raisonnable, aux alentours de 5% ces dernières années, mis à part en 2021 (10,1%) et en 2015 (10,7%).
Des sites internet comparent régulièrement le coût de la vie dans les pays en se basant sur des données telles que le coût des logements, le prix moyen d’un restaurant, d’une course de taxi, d’une paire de basket ou encore de produits alimentaires. Selon ces sources, le coût de vie au Brésil est inférieur de 35% à 40% par rapport à la France.
Mais attention, si ces comparateurs fournissent de bonnes indications pour les séjours temporaires, ils ne reflètent pas la réalité du coût de la vie pour les expatriés qui ont choisi de vivre durablement en dehors de l'Europe. Dans ces pays, les européens ne bénéficient plus des prestations en matière de soins de santé de leurs pays d'origine. Ils doivent souscrire des plans de santé privés aux coûts très élevés, comme expliqué ci-dessous.
Parmi ce qui coûte moins cher au Brésil, il faut citer en premier lieu l'immobilier, à l'achat ou a la location. J'ai relevé le prix moyen de vente au m² en avril 2024, dans trois grandes villes françaises et trois grandes villes brésiliennes.
  • 4.850€ à Lyon, 3.530€ à Lille, 3.130€ à Marseille (source: Se loger)
  • 1.960€ à São Paulo, 1.840€ à Rio de Janeiro, 1.260€ à Goiânia (source: FipeZAP)
De façon générale, le coût des corps de métiers du bâtiment (plombier, serrurier, menuisier…), les taxis, les coiffeurs et autres soins de beauté, la nourriture de base ou les restaurants populaires, sont moins élevés. Pour les véhicules neufs, il faut compter des prix à peu près identiques à ceux pratiqués en France. L'essence dont le prix joue au yoyo, à la hausse ou à la baisse, est actuellement aux alentours de 1,1 euro.
Tout ce qui est importé est plus cher ou à des prix plus ou moins équivalents: les vêtements de marque, l'électroménager, le matériel informatique...

"Il est impensable de ne pas choisir un plan de santé du secteur privé"

Le système des soins de santé au Brésil est à deux vitesses. Le réseau public est gratuit mais dans un état généralement lamentable alors que le réseau privé est de très haut niveau, mais d’un coût élevé. En 2022, le Brésil comptait 4.466 cliniques privées (263.793 lits) et 2.725 hôpitaux publics (163.254 lits). Cela représente 2,1 lits pour 1.000 habitants. Ce taux est de 6 en France, 5,7 en Belgique, 4,7 en Suisse, 2,5 au Canada. Selon les données les plus récentes de mars 2024, 25,1% de la population brésilienne dispose d'un plan de santé privé.
La plupart des brésiliens n’ont d’autres choix que de faire des files interminables pour une simple consultation et attendre plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste, pour finalement être reçu dans des infrastructures souvent vétustes, en manque de matériel et d’équipement mais également de personnel soignant.
Pour accéder à des établissements modernes, à des équipements à la pointe de la technologie et être pris en charge par des praticiens de haut niveau, il faut opter pour un plan de santé privé. Pour un expatrié, il est impensable de ne pas choisir cette solution. Mais cela coûte cher et plus on vieillit, plus les mensualités augmentent. En 2017, ma cotisation de base s'élevait à 1.200 réais pour mon épouse et moi-même et en ce mois d'avril 2024, elle atteint un montant supérieur à 2.100 réais (près de 400 euros). Sachez qu'une consultation chez un spécialiste pour les personnes qui ne disposent pas de plan de santé coûte aux alentours de 150 euros alors que le salaire moyen est de l'ordre de 350 euros.

"Posséder une voiture est indispensable"

Alors qu’en Europe, de plus en plus d’habitants des villes renoncent à la voiture et optent pour les transports en commun, ici posséder une voiture est indispensable. Le réseau ferroviaire est quasi inexistant et seules quelques grandes villes disposent de lignes de métro. Et les réseaux d'autobus urbains sont mal organisés et débordés. Pour se déplacer, il faut donc une voiture. 
Lorsque vous aurez déboursé un montant plus ou moins équivalent qu'en France ou en Belgique pour acquérir un véhicule, il faudra alors se lancer dans la circulation, excessivement dense et dangereuse. Ici motos, camions et voitures, souvent très vétustes et en mauvais état (il n’y a pas de contrôle technique), débouchent de gauche ou de droite, toujours à vive allure, brûlent les feux rouges et sont peu soucieux des règles de circulation. A cet égard, voyez mes chroniques: Le marché automobile au Brésil et Les routes les plus dangereuses du Brésil.
Pour les voyages longue distance, il faut privilégier l'avion: Les compagnies aériennes et les aéroports du Brésil

"Les fluctuations du taux de change du réal brésilien déstabilise le budget des expatriés"

Enfin, pour percevoir la réalité du coût de la vie au Brésil, il ne faut pas oublier les fluctuations dans le cours des changes qui affectent, dans le bon ou dans le mauvais sens, le coût de la vie des expatriés. 
Percevoir une pension ou d’autres rémunérations en euros ou en dollars implique la conversion (mensuelle pour la plupart) de ses revenus en réais brésiliens. Tant que le réal se déprécie, tout va très bien. En 2017, l’euro s’échangeait contre 3,50 réais et en 2020, il a atteint le record de 7,00 réais. Mais en 2022, entre janvier et avril, l’euro a chuté de 6,50 à 5,00 réais. Actuellement, l'euro s'échange aux environs de 5,50 réais.

Et si je déménageais, où est-ce que j'irais vivre au Brésil?

Ville nouvelle fondée en 1933, dont tous les bâtiments publics ont été conçus dans le style Art Déco, Goiânia est la ville la plus verte du Brésil et la capitale de la musique la plus populaire du pays, la musique sertaneja. Et très nombreux sont les restaurants et bars de grande qualité où il fait bon s'attarder pour goûter à la cuisine locale et écouter de la musique live. Après Rio de Janeiro et São Paulo, Goiânia est la capitale préférée des artistes et des célébrités pour vivre au Brésil.
Depuis mon premier séjour en janvier 2014, j'ai découvert de nombreux endroits au Brésil, j'ai voyagé dans les Etats de Rio Grande do Norte, Pernambuco, Alagoas, Bahia (Nord-Est), Minas Gerais, Rio de Janeiro, São Paulo (Sud-Est), Paraná, Santa Catarina, Rio Grande do Sul (Sud).et bien entendu dans l'Etat de Goiás.
Si je devais choisir un autre endroit que Goiânia pour vivre au Brésil, je m'établirais en bordure de l'océan dans la partie nord de l'Etat de Santa Catarina: Florianópolis (le nord de l'île), Bombinhas, Itapema, Balneário Camboriú....