Les 10 plus grandes favelas du Brésil
Cette chronique initialement rédigée le 26 avril 2023 sur base des données divulguées à l'époque par l'lnstitut Brésilien de Géographie et de Statistiques (IBGE) a été actualisée au vu des résultats définitifs (il faut l'espérer) du recensement de la population de 2022 concernant les favelas, publiés le 8 novembre 2024 par l'IBGE.
Les favelas sont des territoires occupés irrégulièrement sans titre de propriété, sans plan d'urbanisme ni infrastructures de base, composés de constructions précaires. Les habitations, construites de façon disparate en bois ou en maçonnerie, la plupart à plus d'un étage et sans espacement entre elles, créent ainsi des zones très densément peuplées et difficiles d'accès.
Les premières favelas ont vu le jour à Rio à la fin du 19e siècle
Les premières favelas sont apparues dans le paysage urbain de Rio de Janeiro en 1897, lorsque des soldats revenus d'une campagne militaire dans l'Etat de Bahia ont été autorisés à construire leurs cabanes sur les pentes des collines, des zones sans valeur foncière. A partir des années 1950, avec l'industrialisation des grandes villes et l'exode rural, d'énormes lotissements clandestins ont vu le jour, le plus souvent en périphérie des grandes villes ou dans des endroits difficiles d'accès, comme les zones pentues ou les rives de cours d'eau.
Dans les années 1980, des associations principalement et les pouvoirs publics ont commencé à mettre en œuvre des politiques d'urbanisation et d'intégration pour permettre à ces quartiers de bénéficier de la distribution d’eau et d’électricité, de canalisations mais également d’écoles, de terrains de sport et de centres culturels. Au fil du temps, le terme de "communauté" est apparu pour caractériser ces zones urbaines défavorisées.
Si l'accès et la topographie des favelas, le dédale de ruelles et d’escaliers favorisent le retranchement de criminels et de trafiquants en tout genre, il ne faut pas oublier que la majorité des habitants sont d’honnêtes travailleurs qui vivent de petits boulots informels ou perçoivent le salaire minimum (1.400 réais, soit +/- 230 euros).
Le recensement de la population de 2022
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| Enquêteur IBGE |
En 2022, un vaste recensement de la population du Brésil a été organisé par l'IBGE, l'Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques. Partout dans le pays, dans tous les quartiers, dans tous les immeubles, des campagnes d'affichage ont informé les habitants de la visite d'enquêteurs officiels de l'IBGE. Pour mener à bien ce recensement, près de 209.000 enquêteurs ont été engagés temporairement pour questionner les habitants de plus de 70 millions de domiciles.
Tous les logements ont été visités et je peux en témoigner puisque j'ai personnellement été interrogé par une enquêtrice. Trois questions ont été posées: combien de personnes vivent dans l'habitation, quelle est la couleur de la peau des habitants et quelle est la tranche de revenus du ménage.
Au Brésil, il existe des statistiques relatives à la couleur de la peau (ou de la race) de la population, sur base d'auto déclaration. Les personnes interrogées peuvent se déclarer métissées, blanches, noires, indigènes ou jaunes. Selon les données les plus récentes, 46% des brésiliens se considèrent métis, 43% blanc, 10% noir et 1% jaune ou indigène.
Le Brésil compte 12.348 favelas, abritant 8,1% de la population
L'accès et la circulation dans les favelas sont difficiles, voire dangereux pour les non-résidents, les adresses sont approximatives et les représentants de l'ordre public ou des administrations ne sont généralement pas les bienvenus. Pour faire face à ces nombreux problèmes et pour tenter de mener à bien le recensement dans ces territoires, l'IBGE a conclu des partenariats avec des associations locales et avec la "Central Única das Favelas" (CUF) présente depuis plus de 20 ans dans les favelas brésiliennes. Cette association promeut des activités dans les domaines de l'éducation, des loisirs, du sport, de la culture et de la citoyenneté dans ces communautés.
Selon les données de l'IBGE publiées le 8 novembre 2024, le Brésil compte 12.348 favelas, abritant 16.390.000 habitants soit 8,1 % de la population. Ces zones urbaines défavorisées sont réparties dans 658 des 5.570 municipalités du pays.
Top 10 des favelas selon le nombre d'habitants
1. Rocinha, Rio de Janeiro (Etat de Rio de Janeiro - Sud-Est)
Nombre de domiciles: 30.071
Population: 51.050 habitants
Nombre de domiciles: 16.741
La plus célèbre et la plus médiatisée favela du Brésil est située au sud-ouest de Rio de Janeiro, à proximité de l'océan et des quartiers les plus huppés de la ville.
2. Sol Nascente, Ceilândia (District Fédéral - Centre-Ouest)
Population: 70.908 habitants
Nombre de domiciles: 21.889
A seulement 35 km de la Praça dos Três Poderes, l'esplanade de Brasilia où s'élèvent les bâtiments des plus hautes autorités du pays (l'exécutif, le législatif et le judiciaire), se trouve la deuxième plus peuplée des favelas du Brésil.
3. Paraisópolis, São Paulo (Etat de São Paulo - Sud-Est)
Population: 58.527 habitants
Nombre de domiciles: 21.442
Au sud-ouest de São Paulo et entourée de quartiers cossus, la favela se situe dans l'une des régions les plus riches de la plus grande métropole de l'hémisphère sud de la planète.
4. Cidade de Deus, Manaus (Etat d'Amazonas - Nord)
Population: 55.821 habitants
Nombre de domiciles: 15.872
Manaus est avec Belém (Pará) l'une des deux capitales brésiliennes où plus de 50% de la population vit dans des favelas. Cidade de Deus est située au nord-est de la ville.
5. Rio das Pedras, Rio de Janeiro (Etat de Rio de Janeiro - Sud-Est)
Population: 55.653 habitants
Nombre de domiciles: 23.846
Rio das Pedras se situe plus à l'ouest que Rocinha, près de la Lagune de Tijuca et face à Barra de Tijuca, quartier résidentiel très chic de Rio de Janeiro en bordure de l'océan.
6. Heliópolis, São Paulo (Etat de São Paulo - Sud-Est)
Population: 55.583 habitants
Nombre de domiciles: 20.205
Heliópolis se trouve à 8 km du centre de São Paulo, au sud-est de la ville.
7. Comunidade São Lucas, Manaus (Etat d'Amazonas - Nord)
Population: 53.674 habitants
Nombre de domiciles: 15.469
La Comunidade São Lucas est proche de la Cidade de Deus, la plus grande favela de Manaus.
8. Coroadinho, São Luís (Etat de Maranhão - Nord-Est)
Population: 51.050 habitants
Nombre de domiciles: 16.741
Coroadinho est la plus grande favela de São Luis, ville où un tiers de la population vir dans des zones urbaines défavorisées.
9. Baixadas da Estrada Nova Jurunas, Belém (Etat de Pará - Nord)
Population: 43.105 habitants
Nombre de domiciles: 13.077
Située dans une zone inondable en bordure de la baie de Guajará au sud de la ville, Baixadas da Estrada Nova Jurunas est la plus grande favela de Belém, où 57% des habitants (le record pour le Brésil, voyez le Top 10 des capitales brésiliennes selon le pourcentage d'habitants vivant dans des favelas) vit dans des zones urbaines défavorisées.
10. Tancredo Neves, Salvador (Etat de Bahia - Nord-Est)
Population: 38.871 habitants
Nombre de domiciles: 15.618
35% de la population de Salvador vit dans des favelas. Tancredo Neves, la plus peuplée, se trouve dans la région centrale de la capitale de l'Etat de Bahia.