Au Brésil, 1591 barrages sont classés à haut risque
D'après le dernier rapport sur la sécurité des barrages publié en juin 2024 par l'Agence Nationale de l'Eau et de l'Assainissement, 25.943 barrages sont recensés au Brésil. Les utilisations sont les suivantes:
- irrigation : 9.615 barrages
- élevage : 5.433
- régulation du débit : 2.846
- ressources humaines : 2.017
- aquaculture : 1.813
- hydro-électrique : 1.303
- déchets miniers : 931
- loisirs : 631
- déchets industriels : 596
- aménagement paysager : 526
- autres : 232
Les caractéristiques de ces barrages ne sont pas toujours connues puisque la hauteur (à partir du pied de la pente) est recensée pour seulement 59% d'entre eux et le volume du réservoir d'eau, pour 83%.
Près de la moitié des barrages sont situés dans la région Sud, la plus petite du pays:
- Nord: 2.399 barrages
- Nord-Est: 3.632
- Centre-Ouest: 4.206
- Sud-Est: 3.172
- Sud: 12.534
Itaipu, le plus grand barrage du Brésil
Le barrage d’Itaipu se situe sur le fleuve Paraná, à 10 km en amont de Foz do Iguaçu, entre le Brésil et le Paraguay. C’est le plus grand du monde, après le barrage des Trois Gorges en Chine. Ce gigantesque ouvrage a été élu en 1994, parmi les Sept Merveilles du Monde Moderne par l’American Society of Civil Engineers, comme le Tunnel sous la Manche ou le Canal de Panama.
Le barrage mesure plus de 7 km de long et la hauteur de l’ouvrage culmine à 225 m. La centrale hydro-électrique associée produit 90% de l’énergie du Paraguay et 20% du Brésil.
Le chantier a débuté en 1970 et fut d’une ampleur phénoménale. Tout d’abord, la Cascade des Sept Chutes fut engloutie en 1982. Cet ensemble de chutes regroupait 19 cascades principales et près de 300 chutes mineures. Elle était la plus importante chute d’eau au monde, son débit était 5 fois supérieur à celui des chutes du Niagara et sa beauté égalait celle des Chutes d’Iguaçu, situées à 40 km. Le cours du Rio Paraná, le septième plus grand fleuve du monde fut déplacé. La quantité d'acier utilisée fut équivalente à 380 fois la Tour Eiffel, le volume de ciment utilisé, 15 fois supérieur au chantier du tunnel sous la Manche et le volume creusé, 8 fois supérieur.
En 2023, près de la moitié des barrages ont fait l'objet de contrôles
En 2023, 12.078 barrages (47%) ont fait l'objet de vérifications par les organismes de contrôle fédéraux et locaux dont les 1.303 hydro-électriques ainsi que la quasi-totalité des barrages utilisés pour l'élimination des déchets miniers et industriels. Selon les normes en vigueur, les structures contrôlées ont une hauteur de 15 m minimum à partir du pied de la pente et une capacité du réservoir de 3 millions de m³ et plus, l'équivalent de 30 terrains de football avec une profondeur moyenne de 10 m.
Parmi ces barrages, 1.591 ont été classés à haut risque dont 229 à très haut risque. Ces ouvrages présentent des risques de rupture partielle ou totale avec un potentiel plus ou moins grand de dommages humains et environnementaux.
Les 13.865 barrages non contrôlés (53%) présentent les caractéristiques suivantes:
- Capacité du réservoir d’eau: 72% ont un réservoir inférieur à 3 millions de m³ et 28% sont sans information sur le volume
- Hauteur: 31% ont une hauteur inférieure à 15 m et pour 69%, la hauteur est inconnue
Chaque année, le Brésil enregistre plusieurs ruptures de barrages
En 2023, 25 accidents (24 en 2022) et 25 incidents (59 en 2022) concernant des barrages ont été signalés au Brésil, mais sans décès et avec divers dommages tels que la destruction de ponts en bois, la fermeture de voies publiques, l'isolement de personnes et des pertes financières.
Un incident est un événement qui affecte le comportement du barrage et qui nécessite une intervention pour éviter un éventuel accident. Le terme "accident" est utilisé pour désigner un effondrement partiel ou total du barrage avec libération incontrôlable du contenu d'un réservoir.
Les 25 ruptures de barrages survenues en 2023 concernent 1 structure en béton, 16 en terre et 8 en remblais divers. Dans 23 cas, la rupture a fait suite à de fortes pluies.
Parmi les accidents survenus ces dernières années, la rupture des barrages de Mariana en 2015 et de Brumadinho en 2019 (situés dans la même région du sud de l'Etat de Minas Gerais) comptent parmi les pires tragédies de l'histoire récente du Brésil. Que s'est-il passé?
La catastrophe de Brumadinho en 2019
Le 25 janvier 2019 à 12h28, le barrage cède et une mer de boue, de minerai et de déchets se déverse engloutissant tout sur son passage. Bilan: 272 morts, une région complétement dévastée et des dommages environnementaux sur des centaines de km.
Brumadinho se situe à 60 km au sud de Belo Horizonte, la capitale de Minas Gerais. Le barrage d'une hauteur de 86 m, d'une longueur de crête de 720 m et d'un réservoir de rétention de 12 millions de m³ servait à l'accumulation de déchets d'une exploitation minière propriété de la société Vale, la plus importante entreprise minière du Brésil.
La catastrophe de Mariana en 2015
A 120 km au sud de Belo Horizonte, le barrage de Mariana, propriété de Samarco Mineração (filiale de Vale), s'est effondré dans le courant de l'après-midi du 15 novembre 2015, libérant 62 millions de m³ de boue et de déchets miniers particulièrement toxiques. Cet accident qui à provoqué la mort de 19 personnes est considéré comme la plus grande catastrophe environnementale de l'histoire du Brésil. Le Rio Doce, source principale de captation d'eau pour des milliers d'habitants du bassin fluvial a été contaminé et une semaine après la rupture du barrage, la boue toxique a parcouru plus de 600 km pour atteindre l'océan Atlantique et des zones côtières protégées.
Le barrage avait été construit pour accueillir les déchets provenant de l'extraction du minerai de fer des nombreuses mines de la région.