Macapá (Amapá), la capitale la plus dangereuse du Brésil

Les chiffres de la criminalité au Brésil

Fin juin 2022, le Forum Brésilien de la Sécurité Publique a publié son rapport annuel sur la violence au Brésil, un épais volume de plus de 500 pages qui aborde tous les aspects de la violence. Voyons ce qu'il en est de la mortalité violente intentionnelle, puisque le Brésil est le pays (en dehors des pays en guerre) où il se commet le plus d'homicides volontaires dans le monde.

"Le Brésil compte 2,7% des habitants de la planète et 20,4% des homicides"

Le nombre de morts violentes intentionnelles en 2021 a chuté de 6,5% au Brésil. En chiffres absolus, le nombre d'homicides est passé de 50.448 décès en 2020 à.47.503 l'an dernier, le niveau le plus bas depuis 2011. Le plus haut niveau enregistré remonte à 2017, avec 64.078 décès.

Malgré l'amélioration depuis 2017, le Brésil connaît toujours une violence extrême. En effet, un homicide sur cinq dans le monde (20,4%) est commis au Brésil, pays qui compte 2,7% de la population mondiale. Dans ce classement du nombre absolu d'homicides par pays, le Brésil occupe la première place, devant l'Inde et le Mexique.

En terme relatif, le taux d'homicide en 2021 au Brésil s'établit à 22,4 pour 100.000 habitants, soit le 8e pays le plus violent dans le monde. Le record revient à la Jamaïque avec un taux de 45 homicides pour 100.000 habitants. Dans le top 10 de ce classement figurent uniquement des pays d'Amérique Latine et des Caraïbes, à l'exception de l'Afrique du Sud.

Notons que ce taux est de 6,5 aux Etats-Unis et de 1 en Allemagne ou en France.

"Beaucoup de conflits se règlent de manière très violente, par des meurtres"

Au Brésil, dans 76% des cas l'an dernier, les morts intentionnelles ont été causées par des armes à feu. Il y a environ 4,4 millions d'armes à feu entre les mains de civils dans le pays et parmi celles-ci, 1,5 million sont en circulation irrégulière,

Selon le rapport, la plupart des victimes sont des Noirs (77,9%), des hommes (91,3%) et des jeunes entre 12 et 29 ans (50% du total). Les homicides sont concentrés dans les quartiers pauvres et touchent principalement les populations les plus défavorisées. Toutes les régions du pays ont enregistré une baisse, à l'exception de la région du Nord, en augmentation de 7,9%. 

Au Brésil, beaucoup de conflits se règlent de manière très violente, par des meurtres. La plupart des homicides sont liés aux règlements de comptes entre factions criminelles pour le contrôle de divers trafics dont la drogue en tout premier lieu. Notons que les homicides liés aux vols ou aux tentatives de vol, ne représentent que 3% des morts violentes intentionnelles au Brésil.

"L'Amazonie Légale, au cœur de la violence"

L'Amazonie Légale est un territoire délimité en 1953 pour déterminer les régions éligibles aux aides de développement pour l'Amazonie. Elle comprend les États de la Région Nord (Acre, Amapá, Amazonas, Pará, Rondônia et Roraima), l'État du Mato Grosso (Région Sud-Ouest) et une partie de Maranhão (Région Nord-Est), principalement.

Les deux principaux États du bassin de l'Amazonie, Amazonas et Pará, forment un grand couloir de circulation des marchandises illicites au Brésil. Drogues, bois et minerais de contrebande sont acheminés depuis les lieux de production vers les ports de la côte nord-est du Brésil, et de là vers l'Europe et l'Afrique. Principale porte d'entrée de la cocaïne produite dans les pays voisins (Colombie, Bolivie et Pérou), l'Etat d'Amazonas est le théâtre de conflits meurtriers entre les principales factions criminelles du pays: le Primeiro Comando da Capital (PCC), le plus puissant, originaire de São Paulo, le Comando Vermelho (CV de Rio de Janeiro) et des factions locales comme la Família do Norte. C'est dans cet Etat que la criminalité a le plus augmenté au Brésil: 1.121  meurtres en 2020 et 1.670 en 2021. 

Dans l'Amazonie Légale le taux d'homicide en 2021 a été supérieur de 38 % à la moyenne nationale. Ce taux est de 22,3 pour 100.000 habitants au Brésil, tandis qu'en Amazonie, il est de 30,9. 

Si la Région Nord-Est est toujours le leader de la criminalité avec 43% des meurtres commis au Brésil en 2021, elle traverse un processus de stabilisation et enregistre une diminution du taux d'homicide de 7,9% par rapport à 2020.

"Les municipalités les plus violentes du Brésil"

L'annuaire 2022 a établi la liste des 30 municipalités les plus violentes du Brésil. Pour éviter les distorsions, le calcul du taux d'homicide a été effectué en considérant le taux moyen sur les trois dernières années, entre 2019 et 2021.

Parmi ces 30 villes, 10 sont situées en Amazonie Légale, territoire qui compte 13% de la population brésilienne et 19 dans la Région Nord-Est (25% de la population).

La première municipalité de ce classement a un taux d'homicide de 224 pour 100.000 habitants et la trentième, un taux de 98. Pour mémoire, ce taux est de 1 en France. Voici les 5 villes les plus violentes du Brésil:

1. São João do Jaguaribe (Ceará - Nord-Est): 224 homicides pour 100.000 hab.
2. Jacareacanga (Pará- Nord): 199,2
3. Aurelino Leal (Bahia - Nord-Est): 144,2
4. Floresta do Araguaia (Pará- Nord): 133
5. Umarizal (Rio Grande do Norte - Nord-Est): 123,6

"Les Etats et les capitales les plus violents"

Les 5 Etats les plus violents du Brésil, selon les chiffres de 2021:

1. Amapá (Nord): 53,8 homicides pour 100.000 hab.
2. Bahia (Nord-Est): 44,9
3. Amazonas (Nord): 39,1
4. Ceará (Nord-Est): 37
5. Roraima (Nord): 35,5

Les 5 capitales les plus violentes:

1. Macapá (Amapá - Nord)): 63,2 homicides pour 100.000 hab.
2. Salvador (Bahia - Nord-Est): 55,6
3. Manaus (Amazonas - Nord): 52,5
4. Teresina (Piaui - Nord-Est): 37
5. Boa Vista (Roraima - Nord): 34,8

Les 5 capitales les moins violentes:

1. São Paulo (São Paulo - Sud-Est): 7,7 homicides pour 100.000 hab.
2. Cuiabá (Mato Grosso - Centre-Ouest): 10,6
3. Belo Horizonte (Minas Gerais - Sud-Est): 10,8
4. Florianópolis (Santa Catarina - Sud): 10,8
5. Brasilia (DF -  Centre-Ouest): 11,2

A Rio de Janeiro, le taux est de 19,2 homicides pour 100.000 habitants, soit un taux inférieur à la moyenne nationale (22,4).

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