Goiás Velho, joyau secret du Brésil

Goiás Velho, cité coloniale inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, est perdue au milieu du Cerrado, la savane du centre du Brésil

Goiás Velho, joyau secret du Brésil

Quelles sont les cités coloniales du Brésil inscrites au Patrimoine mondial de l’Unesco? Ouro Preto et Diamantina, dans l’État de Minas Gerais, érigées lors de la ruée vers l’or au 18e siècle, les centres historiques de Salvador, de São Luis et d'Olinda, villes côtières du nord-est du pays... Et Goiás Velho (inscrite depuis 2001), une petite bourgade perdue dans le centre-ouest du Brésil.

"Un patelin perdu dans la savane, à l’écart des circuits touristiques"

Au cœur du Cerrado, la savane brésilienne et entourée de montagnes aux reflets dorés, la petite ville est complètement à l’écart des circuits touristiques. Il faut impérativement emprunter la route pour y arriver, en voiture ou en autobus : à 140 kilomètres de Goiânia, la grande ville et l'aéroport les plus proches, et à 300 kilomètres de Brasilia. Goiás Velho (Vieux Goiás) est un magnifique exemple du Brésil colonial authentique du 18e siècle. Y compris les énormes pavés irréguliers qui rendent les déplacements en automobile, difficiles.
La petite ville de 25.000 habitants, traversée par le Rio Vermelho, a conservé un aspect très rural et authentique, la quasi totalité de son architecture baroque coloniale a été préservée. Pour se replonger dans l’histoire, il suffit de se promener dans les ruelles, d’entrer dans les églises, d’admirer les façades des maisons et des édifices. Ici, les gens vivent à leur rythme de campagnards bien loin de la frénésie urbaine. Chose incroyable, les portes des maisons sont ouvertes… Impensable pour les habitants des grandes villes qui se barricadent dès qu’ils franchissent l’entrée de leur habitation.

"Les locaux vivent à leur rythme dans un environnement historique"

Contrairement à Pirenopolis, l’autre cité historique de l'État de Goiás, où tout est organisé pour attirer et retenir les visiteurs, Goiás Velho est peu touristique. Les hébergements sont très limités de même que les restaurants. Dans le centre, il n’y a que quelques hôtels simples et une bonne dizaine de pousadas dans les environs. Et Il faut chercher pour trouver un restaurant ou un endroit pour prendre un verre. En dehors des manifestations culturelles et religieuses, il y a peu de monde et peu d’animation. Les cavaliers et les attelages de chevaux ou de bœufs y évoluent en toute quiétude.
C’est ce qui fait le charme exceptionnel de cette bourgade, un des très rares endroits au Brésil où l’on se replonge dans l’histoire coloniale, sans artifices touristiques. Les locaux vivent à leur rythme dans un environnement historique qu’il préservent et entretiennent pour leur propre qualité de vie et non pour les touristes. La petite ville est réservée aux initiés, on n’y vient pas par hasard. Haut lieu de la culture et de l’art, en particulier de l’art sacré, elle regorge de trésors et la vie culturelle et intellectuelle y occupe une place importante depuis le 18e siècle.

"Ancienne capitale de la Capitainerie de Goiás"

La ville a été fondée en 1726 par Bartolomeu Bueno da Silva lorsqu’il découvrit de l’or dans le lit du Rio Vermelho (Rivière Rouge). Quelques années plus tard, la ville devint la capitale administrative de la Capitainerie de Goiás sous le nom de Vila Boa de Goiás. Des bâtiments administratifs, un palais destiné aux gouverneurs, un monastère, plusieurs églises et de nombreuses résidences furent érigés pendant cette période très prospère de la ruée vers l'or.
Lorsqu’à la fin du 18e siècle, les filons aurifères s’épuisèrent, la petite ville se tourna logiquement vers l’agriculture. Et elle devint, malgré sa situation perdue au centre du pays, un lieu important de la vie culturelle et intellectuelle. Une faculté de philosophie et de lettres et une école supérieure y furent fondées, parmi les premières au Brésil. Cette tradition culturelle est maintenue à travers des associations, des musées, des expositions, des manifestations et des fêtes religieuses. Et depuis 1999, un festival international du cinéma est consacré à l’environnement.

"Haut-lieu de la vie culturelle, intellectuelle et religieuse"

Parmi les musées, on peut visiter la maison natale de Cora Coralina, la grande poétesse brésilienne née en 1889. Elle publia ses premiers poèmes à l’âge de 75 ans et mourut presque centenaire. Cette grande maison traditionnelle du 18e siècle qui longe le Rio Vermelho est très représentative du cadre de vie à cette époque.
Chaque année depuis plus de 200 ans, le mercredi de la Semaine Sainte (avant la fête de Pâques), une procession se déroule sur le coup de minuit à la lueur de torches et au son de tambours. Quarante hommes encapuchonnés et torches à la main défilent dans les rues et entonnent des cantiques en latin. C’est la “Procisão do Fogaréu” qui dans ce décor baroque donne aux spectateurs, la saisissante impression d’être transporté au 18e siècle.
En se promenant dans la cité, on a peine à croire qu’elle fut la capitale de l’État de Goiás jusqu’en 1937. A cette date, la capitale de l’État fut transférée à Goiânia, ville fondée en 1933. 
Depuis peu, des magazines spécialisés dans les voyages découvrent la petite ville, parlent de coup de cœur et s'extasient devant ce joyau secret "à découvrir absolument", selon la formule consacrée.